Chronique de livre n°3 : « Choisir de ralentir »

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Phrase-résumée du livre : “Ralentir, ce n’est pas être au ralenti. […] Ralentir est un choix de vie fort, puissant, qui passe par un subtil mariage entre vitesse et lenteur, que l’on saura adapter à chaque situation.”

Chronique-résumé du livre

Par Nelly Pons, Choisir de ralentir, Actes Sud, 2017, 64 pages.

Dans la présentation de leur collection “Je passe à l’acte”, les éditions Actes Sud nous font part de leur sentiment et nous inspirent : “Depuis quelques années, on sent un frémissement : plus personne ne nie qu’il va falloir changer, beaucoup commencent à croire que cela est possible. Par une multitude de petites (r)évolutions dans notre quotidien, chacun de nous a le pouvoir de construire le monde de demain.”

Pourquoi

Nelly Pons se confie sur les raisons qui l’ont conduit à écrire ce livre. Elle explique qu’au cours de l’année 2013 elle a fait un burn out et que malgré le fait que cela a été une période très difficile, cela lui a permis de prendre du recul, de cesser de vouloir tout gérer et de prendre soin d’elle et de ses proches. Elle propose à travers ce livre de partager son expérience.

Dans ce premier chapitre, l’auteure met en évidence le fait qu’étonnamment “plus nous gagnons du temps et moins nous avons la sensation d’en avoir.” Elle s’interroge en se demandant où peut bien être passé tout ce temps gagné notamment “grâce” au progrès et à la réalisation de nombreuses tâches par les machines. En parallèle de sa propre expérience, elle met en garde contre le fait qu’à un tel rythme “nous jouons avec les limites de notre corporalité”. Car on le sait, l’effet stimulant de la vitesse se transforme sur le long terme en effet néfaste. Ce n’est pas pour rien que selon l’étude “Modes de vie et mobilité, une approche par les aspirations”, plus de 8 français sur 10 expriment le souhait de ralentir.

Il s’agit bien là d’un choix visant à reprendre les rennes de sa vie en prenant de la hauteur par rapport à son quotidien précise l’auteure. Ralentir c’est “exprimer le désir d’une autre relation au monde, d’une autre façon d’être au monde”. C’est aussi se rendre disponibles, à soi, aux autres, à la nature… Intégrer plus de lenteur à sa vie cela prend du temps mais c’est possible.

S’entourer

En se découvrant “fatigable”, Nelly Pons a pris conscience de l’apaisement sur elle-même et sur son entourage qu’a généré son changement de rythme. Elle cite l’étude américaine “Harvard Study of Adult Development” réalisée sur plus de 700 hommes durant plus de soixante quinze ans qui a prouvé que les personnes les plus heureuses et en meilleure santé sont celles qui sont bien entourées, qui entretiennent de bonnes relations (plus ou moins proches).

Pourtant la télé a remplacé les discussions autour de la table, nous fermons tout à clé… “la rue est devenue déserte”. Le risque de l’individualisme, c’est la solitude. L’auteure s’interroge : “la frénésie de nos vies modernes ne nous éloignerait-elle pas de ces liens dont nous avons tant besoin ?”

Elle invite à se détacher de cette phrase si spontanée “je n’ai pas le temps” et à choisir de passer du temps avec ses proches, de choisir de préserver le lien social notamment par des fêtes de quartier. Car les relations font partie de ces choses pour lesquelles on ne devrait pas compter son temps. Les cultiver, les enrichir demande de se rendre pleinement disponible. Rappelons en ce sens que la bienveillance et l’empathie ont une action bénéfique sur notre cerveau.

Chacun a son propre fonctionnement, son propre rythme à trouver, car “c’est en prenant son temps qu’on l’occupe de la manière la plus sereine, durable et pertinente qui soit. Et que l’on se sent vivre vraiment.”

Proposition 1 : s’offrir un sas de décompression en sortant du travail.

Proposition 2 : l’empathie, un potentiel que nous nous devons de mobiliser.

S’équiper

Nous avons trop de tout et dans cette accumulation qui nous demande du temps de travail pour s’équiper, nous n’avons que peu de temps pour en profiter. Et si ralentir consistait aussi à se “déséquiper” ? Car cet excès fait, selon le WWF, qu’en 2012 il fallait 1,6 planète Terre pour soutenir notre consommation de ressources et de services naturels…

Quand on privilégie la qualité à la quantité on parvient à retrouver son temps. L’auteure nous invite à remettre à l’honneur nos priorités en faisant en sorte de les intégrer concrètement dans notre emploi du temps notamment par “une petite case, solidement ancrée, sur laquelle rien, jamais, ne viendra empiéter.”

Oser ne rien faire est aussi une piste ! C’est d’ailleurs dans ces moments-là que naissent de belles idées.

Proposition 3 : s’alléger en même temps que l’on vide ses placards !

Proposition 4 : oublier le temps qui passe en usant de minuteries et réveils pour les tâches à accomplir et les rendez-vous à honorer, et éviter de regarder l’heure toutes les 5 minutes.

Proposition 5 : compléter des to do list réalistes.

Proposition 6 : nouer une relation plus naturelle au temps en réutilisant des objets “oubliés” comme l’agenda papier par exemple.

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Se lancer

La peur est une des conséquences de notre monde à grande vitesse. “Peur de ne pas y arriver, de ne pas être à la hauteur, de ne pas nous en sortir”. Nelly Pons nous invite à ne plus laisser la peur guider nos vies. Et ce notamment au travail en prenant conscience, pour certain(e)s, de leur surengagement. “Et quand les trois quarts des Français affirment qu’un bon équilibre de vie privée et vie professionnelle est plus important que le niveau de salaire, la reconnaissance ou les possibilité d’évolution (selon un sondage TNS Sofres, 2014), combien sommes-nous à le chercher vraiment ?” Parmi les voies à explorer : aménager ses horaires, opter pour le télétravail, réduire ses temps de trajets en habitant près de son travail.

L’auteure nomme un deuxième frein : l’ego, plus précisément celui qui nous pousse à vouloir tout gérer, à être parfait(e). “Pour ralentir, il faut de l’humilité.”

Proposition 7 : savoir se déconnecter des nouvelles technologies génératrices de stress et mangeuses de temps.

Proposition 8 : user des bons mots en indiquant “je n’ai pas pris le temps” plutôt que “je n’ai pas eu le temps” pour nous rappeler que nous avons fait le choix de faire ceci plutôt que cela.

Tenir bon

Ralentir nécessite une profonde transformation pour asseoir sa démarche sur le long terme et changer (vraiment) son rapport à la vie. Pour cela, s’interroger dans le détail est un premier pas essentiel : “pourquoi suis-je si pressé(e) ? Qu’est-ce que cela m’apporte d’économiser une minute ou deux ? A quoi est-ce que j’occupe ce temps “gagné” ?

Et puis se laisser du temps, apprivoiser les moments de calme plutôt que de les combler en consultant machinalement son smartphone, “un divertissement, au sens propre, qui nous détourne pourtant de la profondeur de notre être”.

L’auteure nous invite à être plus indulgent envers nous-mêmes notamment en réduisant les exigences qui nous mènent à l’épuisement.

Ralentir durablement implique une démarche de sens profond. Il s’agit là de transformer son mode de vie, d’être plus conscient de ses ressources et de ses capacités, d’être mieux connectés à nos sens, d’approfondir notre corporalité. La relation au corps est fondamentale et nous avons tendance à la négliger au profit de l’esprit. Pour y pallier, Nelly Pons nous propose par exemple d’alterner travail intellectuel et activités manuelles. De plus, renouer avec son corps est le meilleur moyen de renouer avec une alimentation de qualité, de respecter des temps calmes récupérateurs propices “à l’intériorité, à la contemplation ou à la flânerie”.

Passer du temps dans la nature est aussi l’occasion de nouer un autre rapport aux minutes qui passent. La nature nous fait du bien, nous offre des moments pour nous apaiser, nous ressourcer, nous sentir vivant !

“Il est une chose que nous oublions trop souvent. Et qu’il est bon de se rappeler de temps en temps : nous avons du pouvoir sur cette vie qui est la nôtre. Ce dernier porte un nom : notre libre arbitre. A son service, notre courage.”

Proposition 9 : faire une sieste quotidienne d’une vingtaine de minutes.

Proposition 10 : oser ne rien faire, ce qui favorise entre autres le bon fonctionnement de notre cerveau.

Proposition 11 : marcher et appréhender les distances, le temps autrement.

Et après

“Et si ralentir était au cœur du changement auquel aspire notre monde?” L’auteure met en lumière les multiples initiatives qui fleurissent dans le monde depuis les années 80 et notamment le mouvement international Slow Food® créé par Carlo Pétrini.

Nelly Pons éveille notre désir de stimuler notre potentiel et de lui laisser le temps de s’exprimer, de reprendre le pouvoir sur ce à quoi nous dédions notre temps, “de renouer avec l’essentiel et d’en retrouver le sens”. Parvenir à l’unité de soi en ayant un mode de vie en cohérence avec ce que nous sommes vraiment et nos aspirations profondes est une suite logique…

L’auteure conclut sur ces mots : “Car ralentir, c’est aimer intensément la vie et l’honorer, à chaque instant.”

Pour en savoir plus

L’auteure partage de précieuses références par thème : “Tout va trop vite”, “Moins, c’est mieux”, “Pour un nouvel art de vivre” et un petit carnet d’adresses répertoriant les mouvements de la lenteur.

Critique du livre “Choisir de ralentir”

Un livre sous la forme d’un petit guide pratique. Très pédagogique, au fil des pages nous sont suggérées des “propositions” avec des idées concrètes pour nous aider à ralentir. De nombreuses illustrations (de Pome Bernos) mettent en évidence des constats, des contradictions, des inspirations et apportent un supplément d’âme, une part ludique à cet ouvrage. L’écriture est concise, il n’y a pas de superflu. On retrouve de nombreuses pistes développées dans “Éloge de la lenteur” de Carl Honoré et dans “Tout s’accélère” de Gilles Vernet, mais évoquées de façon plus épurée. Un livre qui se lit en un coup mais dans lequel on peut se replonger régulièrement pour mettre certaines invitations en application.

Découvrez ici « Choisir de ralentir » de Nelly Pons !

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  1. Louis

    Bonjour Cindy,
    Je suis complètement d’accord sur l’utilisation des objets « oubliés » ! C’est un excellent moyen pour sortir la tête des écrans ! A force de tout numériser, on est obligé d’utiliser non-stop la new tech ! Perso, j’utilise encore le papier pour noter beaucoup de choses et je préfère ! 🙂

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