Le mouvement Slow a vu le jour dans les années 80 face au sentiment d’accélération du temps. Plus précisément, c’est en 1986 que Carlo Pétrini, journaliste gastronome, crée en Italie le mouvement Slow Food en réponse au fast-food. Pour cesser de courir en permanence après le temps et s’échapper de l’étau de la vitesse, l’art de vivre slow nous invite à instiller plus de lenteur dans les différents domaines de notre vie.
Le mouvement slow
Au quotidien, nous ressentons ou plutôt subissons l’accélération globale. Il faut dire que l’évolution du monde du travail, les nouvelles technologies, le chevauchement des activités quotidiennes, ont généré un sentiment d’accélération du temps. Le constat est le suivant : nous avons l’impression de passer à côté de nos priorités, de valeurs simples mais pourtant essentielles à notre épanouissement. Ce constat se traduit par nombre de situations vécues au quotidien : se sentir débordé et stressé, n’avoir que peu ou pas de temps pour soi, travailler même en rentrant à la maison, ne pas avoir suffisamment de temps à accorder à ses enfants, s’efforcer de tout maîtriser… Nous vivons en apnée ! Il est temps de souffler un grand coup puis de respirer plus sereinement.
Désormais, aux quatre coins du monde, de nombreuses personnes se mobilisent pour la lenteur et créent différents mouvements grâce auxquels ralentir le rythme et apprécier la saveur des jours deviennent des actions concrètes. Et le slow s’applique à tous les domaines de notre vie. Il s’étend désormais au travail (slow business), à la famille (slow parenting), au milieu scolaire (slow school), au voyage (slow tourisme), aux villes (slow city), aux relations amoureuses (slow sexe). Mais aussi à l’art (slow art), à la beauté (slow cosmétique), à la science (slow science), à la lecture (slow book)… Chaque aspect de notre vie peut en fait être vécu sous l’angle slow.
Slow Life
La slow life invite, avant tout, à vivre intensément l’instant présent et à ralentir en douceur pour repenser ses priorités et accorder du temps à ses essentiels. Prendre le temps de vivre et savourer les plaisirs simples, renouer avec soi-même, partager de jolis moments avec ses proches, se déconnecter régulièrement, s’ouvrir au monde, consommer responsable et durable, bien manger… La slow life c’est tout cela et bien plus encore. Reprendre les rennes de son existence en accordant plus de temps et d’énergie à ses priorités, à ses essentiels et améliorer ainsi sa qualité de vie. De façon générale, on s’aperçoit que ce n’est pas parce que l’on vit à 100 à l’heure que l’on vit à 100%, bien au contraire. En fonctionnant ainsi, on passe souvent à côté de ses priorités, de ses aspirations, et on reste en surface.
Slow parenting (et slow school)
Né outre-Atlantique il y a une dizaine d’années, le slow parenting dénonce les conséquences de nos rythmes effrénés sur les enfants. Le slow parenting invite au lâcher prise par opposition à l’hyperparentalité. Respecter l’identité profonde de chaque enfant en composant avec ce qu’il est vraiment (et pas avec ce que l’on aimerait qu’il soit) est un pas vers cette forme d’éducation. Aujourd’hui, de nombreuses démarches voient le jour pour offrir un autre rythme, plus “lent”, aux enfants. Les écoles progressives ont vu le jour et proposent une autre voie : revoir la notation, débattre en classe sur un thème, éviter le “par cœur” et bien d’autres. Certains parents optent pour une autre option : l’enseignement à domicile. Pour en savoir plus à ce sujet, j’ai réalisé une chronique sur le livre “Le Slow Parenting, et si on ralentissait pour être heureux en famille” de Malvina Girard.
Slow food
Slow Food est à la fois un mouvement international fondé par Carlo Pétrini, dont la philosophie est “bon, propre et juste” et plus largement une façon de nouer une autre relation à l’alimentation notamment en consommant des produits locaux et de saison, en prenant plaisir à cuisiner et à savourer les moments passés à table ou encore en cultivant un potager (jardins partagés en ville). L’occasion de repenser la manière dont on se nourrit en choisissant ses aliments (notre précieux carburant !) avec soin et en délaissant la nourriture industrielle. En tant que consommateurs, nous avons le pouvoir de décider de ce que nous mettons dans notre assiette et ainsi d’influencer le système global.
Slow business
Améliorer la qualité de vie professionnelle, c’est l’ambition du slow business. Une ambition portée tant par certains managers, que par des travailleurs indépendants ou salariés. Les entreprises s’éveillent à de nouvelles pistes Slow à l’image de la société Mariott qui proposa un projet pilote en invitant le personnel à quitter leur poste (et ce à n’importe quelle heure) dès que le travail était fait. Aujourd’hui de nombreux “business leaders”, à l’image de Yvon Chouinard président-fondateur de la marque Patagonia, secouent les habitudes professionnelles et réinventent les modes de travail par de nouvelles méthodes. Ces femmes et hommes d’affaires slow, ne sont pas juste “cool” mais incarnent de belles réussites sur lesquelles ils s’appuient pour partager leur expérience. Le slow business est désormais considéré étant une nouvelle perspective. Pour approfondir le sujet, découvrez la chronique du livre « Slow business, ralentir au travail et en finir avec le temps toxique » de Pierre Moniz-Barreto.
Slow tourisme
Les formules de vacances trop rythmées (avec l’idée de tout voir et de tout faire) et trop organisées, ne permettent pas de vivre intensément le moment présent. Le slow tourisme invite à l’inverse à être présent et plus connecté à son environnement. L’occasion de devenir un voyageur responsable par exemple en préférant un toit chez l’habitant plutôt qu’un vaste hôtel, en consommant local, en prenant le temps d’approfondir un lieu plutôt que de multiplier les visites, en s’offrant des moments de flâneries plutôt que de s’activer dans la réalisation d’un maximum d’activités. Un autre état d’esprit aussi quant aux destinations choisies en privilégiant par exemple un joli petit coin de France lorsque l’on a trois jours libres devant soi plutôt que de se rendre à l’autre bout du monde. Une façon de voyager autrement, de vivre des vacances qui s’inscrivent dans la philosophie durable et responsable.
Slow city
Le mouvement Cittaslow a émergé dans les villes (de moins de 50 000 habitants) et privilégie à tout point de vue la lenteur à la vitesse. Une cinquantaine d’engagements sont inscrits sur le manifeste autour de la réduction du bruit, de l’augmentation des espaces verts ou encore de l’hospitalité entre voisins. Certaines rues en centre-ville excluent par exemple les voitures. Les villes membres voient le chômage réduire et l’économie se dynamiser. Cittaslow invite à calmer l’agitation urbaine, à retrouver en sérénité. Un objectif recherché par de nombreux citadins partout dans le monde. Des Cités du bien-vivre qui mettent à l’honneur les valeurs humaines.
Slow sexe
Le Slow Sex est une approche développée par Diana Richardson. Il consiste à partir à la découverte de sa nature profonde en s’éloignant des habitudes, idées préconçues et modèles établis. Il s’agit là de “faire l’amour en conscience” en étant dans le moment présent, en revenant au corps vécu de l’intérieur, en apprivoisant la détente. Faire l’amour avec lenteur permet notamment de découvrir le corps de son/sa partenaire comme pour la première fois, de livrer ses impressions sur telle ou telle zone effleurée, de contenir l’énergie sexuelle. Pour en savoir plus, rendez-vous sur la chronique du livre “Le Slow Sex, s’aimer en pleine conscience” de Anne et Jean-François Descombes.
Être slow, c’est…
Être slow c’est tendre vers plus de simplicité, être soi en progrès. S’extraire de la frénésie ambiante pour trouver l’équilibre, son propre équilibre, son propre rythme pour colorer la vie dans le respect de soi, des autres et de l’environnement. C’est aussi adopter un état d’esprit positif et volontaire. Penser sa vie plutôt que subir le quotidien. La slow life est une véritable philosophie de vie vers plus d’authenticité. Ralentir nécessite une profonde transformation pour asseoir sa démarche sur le long terme et changer (vraiment) ses habitudes et sa vie.
Pour laisser infuser la slow life : Mon année slow !
Un almanach pour laisser infuser la slow life dans votre vie sur une année : j’ai pris un grand plaisir à écrire “Mon année slow” aux éditions Plume de carotte. Vous y découvrirez des initiatives slow, des conseils bien-être, des instants zen, des inspirations en famille, des points jardin, des tests nature, des ateliers “C’est fait maison !”, des bulles “Aux petits soins” et des idées simples et gourmandes en cuisine. De multiples petits pas slow vers plus de lenteur au quotidien 😉

Baudhuin Pringiers
Une certaine forme de paresse. Celle qui permet de s’arrêter et de regarder. De s’étonner aussi.
Une capacité infinie d’émerveillement.
Et la fantaisie jamais prise en défaut…
… m’ont permis d’atteindre à mon rythme° mes 76 ans.
Et voilà que la lecture de vos textes me donne un nouvel élan !
Je vous en remercie
° Pour ne pas dire « cahin caha ».